|
|||||
Pour mémoire : Les similitudes nombreuses du basque et de langues indo-européennes anciennes révélées à travers tous nos articles, ne peuvent pas être exclusivement attribuées à l'emprunt des Basques aux langues des peuples qu'ils rencontrèrent. Souvent même, nous pouvons fortement supposer avec quelques raisons que ce pourait bien être l'inverse ... à suivre ... | |||||
(36)
Les 7 péchés capitaux -
2 ème partie |
|||||
Dans l'article précédent nous avons commencé de passer en revue deux des sept péchés capitaux et mis en évidence des convergences évidentes des vocabulaires euskarien et indo-européen. Poursuivons nos investigations | |||||
La gourmandise | |||||
La gourmandise nous ramène à la nourriture
pour laquelle nous avons déjà, à plusieurs reprises,
mis en évidence des rapprochements flagrants d'euskara et de langues
reconnues indo-européennes. En particulier, dans l'article
N° 2, tout entier consacré à la nourriture, nous avons
souligné la similitude de nombreux termes grecs et basques. Dans
l'article N° 17 [Amour, désir,
plaisir], nous avons incidemment rapproché le sanskrit bhakṣá
signifiant tout à la fois "nourriture, boisson, plaisir"
du basque BAZKA "pâturage, fourrage, nourriture"
lui-même apparenté au nom donné au repas de midi des
basques contemporains BAZKARI. Mais le verbe JAN "manger, se nourrir", EDAN "boire" et les substantifs correspondants JANA "nourriture" et EDARI "boisson" ont une parenté certaine avec le vocabulaire indo-européen de sens voisin dont la racine reconstituée est synthétisée par /*ed/ : latin edere (ou ēsse) "manger", gothique itan "manger" (JATEAN en basque "en cours d'alimentation"), grec εἶδαρ [ϝeĩdar] "nourriture", védique adana (basque JANA nourriture, le manger), vieux slave jastŭ "manger" |
|||||
Mais, c'est seulement quand il devient de la gloutonnerie,
que le péché véniel se mue en péché capital.
Et là, nous avons encore de curieuses " coïncidences : - Le même BASKA est proche du grec φαγᾱς [phagās] "glouton" surtout si l'on se souvient de l'interchangeabilité p/b en basque. - Les grecs βέϐρωκα, βιϐρώσκω [bébrōka, bibrṓskō] "manger" et "dévorer" ne peuvent pas ne pas être comparés à BROSKA "aliments solides en grosses miettes que l'on ajoute aux aliments liquides", tels que bouillons, lait, vin (faire chabrot en français). |
|||||
|
|||||
|
|||||
La luxure | |||||
Cela fait référence au plaisir dont nous avons
déjà révélé antérieurement (article
N° 17 : Amour, désir, plaisir) qu'il faisait partie de sentiments
largement partagés
dans la sphère indo-européenne
(au moins au niveau du vocabulaire). Nous avions rapproché, d'une
part, le basque AIER/AIHER "désir, souhait, envie,
goût" du sanskrit háryati
"désirer, aimer, avoir plaisir" et, d'autre part, ATSEEMAN
"plaire" (littéralement donner du plaisir) du grec
ἄσμενος
[ásmenos] "joyeux, content". Mais, pour que le plaisir devienne un péché capital, il faut une dose de sexe et la recherche du plaisir égoïste. De cela, les dictionnaires basco-franco-espagnols ne donnent pudiquement que peu d'aperçus. Toutefois, luxure est rendu en basque par LIZUNKERIA où LIZUN signifie "moisi/moisissure, sale" et par extension "saleté, souillure, obscène". Or, Eñaut ETCHAMENDY donne aussi à LIZUN le sens de "marécage" qu'il rapproche de LISKA "marécageux", proche de LIKA/LEKA "toute matière visqueuse, bave" et LIKATU "humecter, rendre gluant, visqueux" termes semble-t-il voisins (pour la forme et pour le sens) du grec λείχω [leikō] "lécher" (en basque MILIKA-TU ![]() |
|||||
Mais, le plus vicieux est dans le suffixe péjoratif -KERIA qui s'interprète en basque comme "ce qui a le défaut de". Or, le grec a κήρ dont Pierre CHANTRAINE dit : « le mot équivaut à "mort", d'où "malheur" et même "cause de corruption, vices" » ! Nous reviendrons ultérieurement sur ces suffixes souvent difficiles à interpréter, mais dont celui-ci devrait ébranler les plus obstinément hostiles au rapprochement du basque et de langues indo-européennes ! [2] | |||||
[0] Les mots "entre [ ]" donnent la prononciation des termes grecs (en bleu) à l'aide de l'alphabet phonétique international. Tous les autres mots "en bleu italique" sont également écrits à l'aide du même alphabet phonétique. | |||||
[1] Pour mémoire/védique : la plus vieille forme de sanskrit dont on rappelle qu'il fut parlé dans le nord de l'Inde et qu'il serait à l'origine d'une part majoritaire du vocabulaire indo-européen. | |||||
[2] BURK(H)OI "opiniâtreté" en basque peut être considéré comme une vertu ... mais BURK(H)OIKERIA, c'est le défaut de la qualité : "l'obstination/l'entêtement" ! | |||||
|
|||||