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Pour mémoire : Les similitudes nombreuses du basque et de langues indo-européennes anciennes révélées à travers tous nos articles, ne peuvent pas être exclusivement attribuées à l'emprunt des Basques aux langues des peuples qu'ils rencontrèrent. Souvent même, nous pouvons supposer avec quelques raisons que ce pourait bien être l'inverse ... à suivre ... | ||||||||||||||||||
(18) De la même
FAMILLE ?
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Eñaut ETCHAMENDY rappelle dans l'introduction
de sa thèse (p. m. accessible sur euroskara.com)
que « les noms de parenté sont considérés décisifs par les grands linguistes pour présumer de l'existence de liens génétiques entre les langues ». Nous allons donc nous pencher sur certains d'entre eux [6]. |
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Le père | ||||||||||||||||||
Les étymologistes sont quasiment tous d'accord
pour considérer que la forme familière "atta"
[1], l'équivalent de notre « papa », est à l'origine
de toutes les dénominations du « père » dans les
langues indo-européennes : πατήρ
[patḗr] en grec, pater en latin,
pitār en sanskrit,
sans
que quiconque n'ait pu expliquer la transformation (apparition du «
p » et suffixe en /ter/tar/.
Seuls le slave et le hittite auraient conservé le terme familier"atta"
pour désigner le père
mais, le basque n'en est pas
non plus très loin avec AITA ! Mais nous avons en basque la forme AITOR, attestée dès le 17ème siècle [2] avec les différentes significations suivantes : "noble, de lignée noble", "ascendance, lignée" et "patriarche". L'origine reconstituée du mot serait *AITA-AR "père géniteur", où le radical AR a le sens de "mâle" [3] que l'on retrouve avec la même connotation dans le vocabulaire indo-européen comme dans le grec ἀρσενικόν [arsenikón] "genre masculin" ! |
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La mère | ||||||||||||||||||
De façon symétrique à patēr,
le terme māter apparaît dans
la plupart des dénominations de la « mère » dans les langues indo-européennes comme mātar en sanskrit et μήτηρ [mḗter] en grec. Mais c'est le radical « ma- » qui est significatif, la terminaison « -ter », déjà présente dans patēr, n'étant que la marque de la parenté [4]. Ce radical « ma- » est considéré comme un terme universellement utilisé pour désigner la mère et pas seulement dans la sphère indo-européenne. Le basque AMA "mère" ne fait donc qu'obéir à la règle universelle. |
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Le frère | ||||||||||||||||||
C'est le terme de parenté le plus intéressant
dans les langues indo-européennes, ramené par les linguistes
à l'expression générique reconstituée
/bhrāder/ : bhrātar
en sanskrit, et quasiment à l'identique en avestique, le grec antique
ayant phrā́tēr
Mais comme nous l'indique Emile BENVENISTE [5], ce dernier terme a été remplacé par adelphos, soit « co-utérin », cohérent avec les paroles qu'il cite d'un roi de l'Empire perse (Darius), parlant de son frère consanguin : « ham pitā, hamāta » "de même père, de même mère". Toutes ces considérations amènent Eñaut ETCHAMENDY à oser faire remarquer que l'évolution phonétique normale de l'expression basque *BER-AITOR "(de) même lignée" ou mieux BER-AITA-AR "(de) même père géniteur" devrait naturellement converger vers bhrātar ! En tous les cas, même sans évolution phonétique, ne trouvez-vous pas que les deux formulations se ressemblent comme des frères ? |
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[0] Les mots "entre [ ]" donnent la prononciation des termes grecs (en bleu) à l'aide de l'alphabet phonétique international. Tous les autres mots "en bleu italique" sont également écrits à l'aide du même alphabet phonétique. [1] ἄττα [atta]
en grec, atta en latin, hittite, gothique
tatá en védique
(la plus vieille forme connue du sanskrit) |
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